L'apostasie consiste à sortir de la sphère de l'islam par un annulatif de l'islam ou par la conversion à une autre religion ou idéologie que celle-ci. En effet, un hadith nous dit explicitement, d'après Ikrima, qui le tient d’Ibn Abbas, que Mohammed a dit :
« Celui qui change de religion, tuez-le. » (Rapporté par Al-Bukhârî et authentique).
Abdullah ibn Mas’ûd relate également que Mohammed a dit :
« Le sang d’un homme musulman n’est licite que pour l’une des trois raisons suivantes : l’homme marié qui commet l’adultère, une vie pour une autre, et celui qui renie sa religion et se sépare du groupe. » (Rapporté par Al-Bukhârî et Muslim).
Certains de nos bien-aimés musulmans aiment à répéter inlassablement que cela ne concerne que celui qui, en plus de renier l'islam, s’érige en ennemi de la Oumma par l'incitation politique (l'insurrection) ou la guerre directe. Cela est-il correct ?
La cause du meurtre de l'apostat est-elle politique ou purement doctrinale ?
Tel est le but de notre article, si Dieu le veut !
Le Coran atteste sans équivoque que la voie des compagnons de Mohammed est certes la meilleure et la plus à même de nous donner une compréhension solide.
En effet, le Coran dit : « Les tout premiers [croyants] parmi les Émigrés et les Auxiliaires et ceux qui les ont suivis dans un beau comportement, Allah les agrée, et ils L'agréent. Il a préparé pour eux des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, et ils y demeureront éternellement. Voilà l'énorme succès ! » (Sourate 9, verset 100).
Leur voie (manhaj - méthodologie) est donc agréée par Allah lui-même. Dans ce même registre, un hadith nous dit :« Prenez garde aux nouvelles choses, car elles sont certes égarement. Celui d'entre vous qui assiste à cela qu'il s'accroche à ma Sunna et à la Sunna des califes droits et bien guidés. Mordez-la à pleines dents. » (Rapporté par Tirmidhi dans ses Sunan n°2676, authentifié par Cheikh Albani dans sa correction de Sunan Tirmidhi).
Voyons donc ensemble la compréhension ainsi que la mise en application des compagnons concernant la peine de l'apostat.
1) Ali et Ibn Abbas
Ali a brûlé des hérétiques (Zanadiqa). Lorsque cela est parvenu à Ibn Abbas, il a dit : « Je ne les aurais pas brûlés en raison de l'interdiction du Messager d'Allah : "Ne châtiez pas par le châtiment d'Allah (le feu)", néanmoins je les aurais tués en raison de sa parole : "Celui qui change de religion, tuez-le". »
2) Mouadh Ibn Jabal et Abou Moussa Al-Achari
Lorsque Mouadh Ibn Jabal s'est rendu auprès de Abou Moussa Al-Achari au Yémen, ce dernier avait auprès de lui un homme ligoté et attaché. Mouadh lui demanda : « Qui est-il ? » Abou Moussa répondit : « C'est un juif qui est devenu musulman, mais qui est redevenu juif. » Mouadh dit alors : « Je ne m'assieds pas jusqu'à ce qu'il soit tué selon le décret d'Allah et de Son Messager. » Il répéta cela trois fois, puis ordonna qu'il soit exécuté. (Rapporté par Al-Boukhari).
3) Abou Bakr As-Siddiq
Une femme nommée Oumm Qourfa avait apostasié de l'islam. Abou Bakr ordonna qu'elle soit mise à mort (Ad-Daraqutni 3202).
4) Amrou Ibn Al-As et Omar Ibn Al-Khattab
Amrou Ibn Al-As écrivit à Omar Ibn Al-Khattab pour lui signaler un homme ayant changé sa foi en mécréance. Omar répondit : « Demande-lui de se repentir. S'il se repent, accepte son repentir ; sinon, frappe-lui le cou (coupe-lui la tête). » (Ibn Abi Shaybah 32744).
5) Soulayman Ibn Moussa et Othman Ibn Affan
Soulayman Ibn Moussa rapporte que lui est parvenu d’Othman Ibn Affan qu’il prêcha un apostat à revenir à l’islam trois fois. L’homme refusa, et Othman ordonna qu’il soit exécuté. (Rapporté par Abd Ar-Razzâq dans son Musannaf).
6) Ibn Omar
Ibn Omar a dit : « On lui demande de se repentir trois fois ou durant trois jours. S'il se repent, il est épargné ; s'il refuse, il est tué. » (Ibn Abi Shaybah 32766).
7) Ibn Masoud
Ibn Masoud a déclaré : « Lorsque l'apostat est tué, son fils hérite de lui. » (Ibn Abi Shaybah 32766).
Nous avons donc ici réuni les quatre califes de l’islam sunnite : Abou Bakr, Omar, Othman et Ali, tous unanimes sur la question de la mise à mort de l’apostat. Aucune mention n'est faite de combattant ou de dangereux rebelle politique.
Le seul motif de l'exécution est l'apostasie en elle-même, la sortie de l'islam étant considérée comme suffisante pour ce châtiment.
Ibn Taymiyya dit dans Majmou' Al-Fatawa (20/100) :« Le Coran et la Sunna indiquent, comme nous l'avons mentionné, que l'apostat est mis à mort par unanimité, même s'il ne fait pas partie des gens qui nous combattent. »
L'imam As-San'ani écrit dans Souboul As-Salam (2/383) :« Le hadith ("Celui qui change de religion, tuez-le") est une preuve qu'il est obligatoire de mettre à mort l'apostat, et cela fait consensus. »
Notre prochain article traitera de la position des quatre écoles de jurisprudence concernant la peine de l'apostat.